PROSPECTIVE & SCIENCE FICTION

Oracles, devins, cartomanciennes,  chiromanciens, futurologues, économistes... plusieurs personnes ont fait et font de l'avenir leur champ d'intérêt. Cela s'explique entre autres parce que, de tout temps, il y a eu des gens qui veulent connaître ce qui leur arrivera. Et malgré le succès relatif de la grande majorité des pronostics de ces experts-devins, souvent même des scientifiques, une certaine foi persiste dans notre capacité humaine d'anticiper le futur...

PEUT-ON PRÉDIRE L'AVENIR ?

Il n'existe pas de réponse simple, mais de manière générale, on pourrait dire que oui, on peut prédire l'avenir, ou du moins, on peut définir un certain nombre de possibilités, ou de possibles, comme le propose le philosophe Henri Bergson (1859-1941) : 
Au cours de la grande guerre, des journaux et des revues se détournaient parfois des terribles inquiétudes du présent pour penser à ce qui se passerait plus tard, une fois la paix rétablie. L’avenir de la littérature, en particulier, les préoccupait. On vint un jour me demander comment je me le représentais.
Je déclarai, un peu confus, que je ne me le représentais pas.

—“N’apercevez-vous pas tout au moins, me dit-on, certaines directions possibles ? [...]

Je me rappellerai toujours la surprise de mon interlocuteur quand je lui répondis :
—“Si je savais ce que sera la grande œuvre dramatique de demain, je la ferais.”

Je vis bien qu’il concevait l’œuvre future comme enfermée, dès alors, dans je ne sais quelle armoire aux possibles ; je devais, en considération de mes relations déjà anciennes avec la philosophie, avoir obtenu d’elle la clef de l’armoire.

— “Mais, lui dis-je, l’œuvre dont vous parlez n’est pas encore possible.”
— “Il faut pourtant bien qu’elle le soit, puisqu’elle se réalisera.”
— “Non, elle ne l’est pas. Je vous accorde, tout au plus, qu’elle l’aura été.” 
— “Qu’entendez-vous par là ?”
— “C’est bien simple. Qu’un homme de talent ou de génie surgisse, qu’il crée une œuvre : la voilà réelle et par là même elle devient rétrospectivement ou rétroactivement possible.”
Dès le début du XXe siècle, la volonté d'imaginer le futur, mélangé à un intérêt accru pour les sciences et les technologies amène de nombreux esprits créatifs à élaborer des visions prophétiques... toujours fortement teintées de présent. C'est notamment le cas dans les journaux... 
Alors que le XIXe siècle s’achève, malgré les transformations gigantesques accomplies dans le domaine de la presse, et sans doute à cause d’elles, le regard global des journalistes sur le siècle qui s’ouvre – et pour peu qu’on puisse se fier à des témoignages d’inquiétude dominants – semble partagé entre anxiété et expectative. On sent, chez beaucoup, comme une prudence suspecte ou une crainte confusément exprimée de se projeter dans l’avenir. Il est évidemment banal d’affirmer qu’on imagine toujours le futur en pensant le présent. Mais, en matière de presse, d’information, de moyens et de formes de « communication » (terme bien anachronique dans l’acception que nous lui donnons), la remarque nous semble particulièrement fondée.

Delporte (2005)
En 1905, les journalistes de La Presse relatent les prophéties d’un mage indien dénommé Papou-Gaba-Abidos, qui prédit l'avenir de la Ville de Montréal.

Parmi les prédictions :

• La ville occupera la totalité de l’île.
• Toutes les maisons seront luxueuses.
• Le chauffage, l’éclairage, l’heure et la réfrigération seront produits par une source unique : l’électricité.
• Les demoiselles de téléphone ne seront plus nécessaires.
• Il n'y aura plus de pompiers, car les extincteurs chimiques auront raison des incendies.
• Les tramways et les automobiles seront remplacés par des aéronefs.
• Il n’y aura plus de journaux : les nouvelles seront enregistrées sur des cylindres phonographiques et transmises à toute heure du jour et de la nuit au domicile des abonnés.
• Il n’y aura plus de facteurs : les lettres seront livrées à domicile à l’aide d’un tube pneumatique.
• Il n’y aura plus de neige dans les rues et sur les trottoirs, en raison d’un système de chauffage électrique souterrain.
• Le fleuve Saint-Laurent sera libre de glace à l’année grâce aux petites masses de radium qui seront réparties dans des stations sous-fluviales.
• Un riche Américain donnera un milliard à la ville en échange d’un boulevard à son nom.
À côté de ceux qui disent connaître l'avenir, il y a un grand nombre d'hommes et de femmes qui, eux, ne prétendent pas deviner le futur, mais qui finissent par avoir une vision souvent plus proche de la vérité que celle que proposent les experts ou les charlatans. Ce sont les auteurs et les autrices de science-fiction

FANTASTIQUE

Ne permet pas de passer de notre réalité à la réalité exposée qui est faite d'elfes, de magie, etc.

SCIENCE FICTION

Permet de passer de notre réalité à la réalité exposée, par des changements appropriés par les niveaux de science et de technologie

ISAAC ASIMOV

J'ai toujours dit que la science-fiction est cette branche de la littérature qui se soucie des réponses de l'être humain aux progrès de la science et de la technologie.

~1920 - 1992

Asimov laisse derrière lui des centaines de livres - dont 116 anthologies. Le dernier livre qu’il a écrit est une autobiographie, "Moi, Asimov". Il est le créateur de la robotique et une grande partie de son œuvre tourne autour de ce sujet. Il est notamment, avec l'appui de Campbell, à l'origine des trois lois de la robotique qu'il respectera dans chacun de ses livres.

LE CYCLE DE FONDATION

7 romans parus entre 1957 et 1993

LE CYCLE DES ROBOTS

4 romans et 4 recueils de nouvelles parus de 1956 à 1988

SUR L'INFORMATION ET LA CONNAISSANCE

sur l'avenir en général

« D’ici 2014 les panneaux électroluminescents seront communément utilisés. Les murs et les plafonds brilleront doucement, dans une variété de teintes qui changera à la pression d’un bouton. (...) ​ En 2014 les robots ne seront ni courants ni très élaborés mais ils existeront. (...)

Si les machines sont si intelligentes aujourd’hui, qui sait ce qu’elles feront dans 50 ans ? Ce seront des ordinateurs beaucoup plus miniaturisés qu’aujourd’hui, qui serviront de « cerveaux » aux robots. ​

Beaucoup d’efforts seront consacrés à la conception de véhicules munis de « cerveaux-robot » qui pourront être configurés pour une destination particulière et s’y rendront sans l’interférence des lents réflexes d’un conducteur humain. (...) ​

En 2014 la technologie continuera à suivre la croissance démographique au prix d’immenses efforts et avec un succès incomplet. Seule une partie de la population mondiale profitera pleinement de ce monde gadgétisé. L’autre, plus grande encore qu’aujourd’hui en sera privée et, en attendant de pouvoir accéder à ce qui se fait de mieux, matériellement parlant, sera en retard comparée aux parties du monde les plus développées. Ils auront même régressé. »

Isaac Asimov (1964)
« Avant la révolution industrielle, l’immense majorité de l’humanité se consacrait à l’agriculture. Après l’industrialisation, le passage de la ferme à l’usine a été rapide et douloureux. Avec l’informatisation, le nouveau passage de l’usine à quelque chose de nouveau sera encore plus rapide, et donc encore plus douloureux.»

Isaac Asimov (1964)

TROIS LOIS (MODIFIÉES) DE LA ROBOTIQUE D'ISAAC ASIMOV ​

  • Loi Zéro : Un robot ne peut pas porter atteinte à l'humanité, ni, par son inaction, permettre que l'humanité soit exposée au danger ;
  • Première Loi : Un robot ne peut porter atteinte à un être humain, ni, restant passif, permettre qu'un être humain soit exposé au danger, sauf contradiction avec la Loi Zéro ;
  • Deuxième Loi : Un robot doit obéir aux ordres que lui donne un être humain, sauf si de tels ordres entrent en conflit avec la Première Loi ou la Loi Zéro ;
  • Troisième Loi : Un robot doit protéger son existence tant que cette protection n'entre pas en conflit avec la Première ou la Deuxième Loi ou la Loi Zéro. ​
Avec les évolutions récentes de l'intelligence artificielle, certains chercheurs proposent même d'ajouter de nouvelles lois à celles d'Asimov. Certains comités d'éthique se sont même penchés sur la question afin d'orienter le développement de la recherche technologique....

PRINCIPES ÉTHIQUES CONCERNANT L'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

Et si la science fiction, plutôt que de prévoir, prédire, imaginer le futur... était aussi un peu la source de notre avenir... Jules Vernes a-t-il prédit ou inspiré les voyages sous-marins ? Développerait-on des programmes de recherche sur la téléportation si les auteurs de Star Trek ne nous en avaient jamais donné l'idée ?

DES AVENIRS UTOPIQUES

Dans les interstices du Net, depuis quelques années, des mouvements et collectifs repensent l'imaginaire. Ils se nomment « hopepunk », « solarpunk » ou encore le collectif « Zanzibar » et travaillent à revitaliser les représentations du futur. Derrière leurs claviers, ils opposent au mythe de l'effondrement un espoir lucide, rejetant utopisme béat et résignation. « Il y a un avenir à construire, même si, pour le moment, il a une gueule d'accident de voiture », Catherine Dufour, autrice Fable fondatrice des récits religieux, l'apocalypse est passée, en cinquante ans, du statut d'artifice littéraire et métaphysique à celui de projection rationnelle. Dès lors, le pouvoir de conjuration des récits dystopiques s'assèche. La fin du monde est devenue banale, au risque de paralyser le corps social : « Les gens déprimés par le réel n'agissent pas », commente Catherine Dufour.

HOPEPUNK

Hopepunk says that genuinely and sincerely caring about something, anything, requires bravery and strength. Hopepunk isn’t ever about submission or acceptance: It’s about standing up and fighting for what you believe in. It’s about standing up for other people. It’s about DEMANDING a better, kinder world, and truly believing that we can get there if we care about each other as hard as we possibly can, with every drop of power in our little hearts.

SOLARPUNK

Solarpunk is a movement in speculative fiction, art, fashion and activism that seeks to answer and embody the question “what does a sustainable civilization look like, and how can we get there?” The aesthetics of solarpunk merge the practical with the beautiful, the well-designed with the green and wild, the bright and colorful with the earthy and solid. Solarpunk can be utopian, just optimistic, or concerned with the struggles en route to a better world — but never dystopian. As our world roils with calamity, we need solutions, not warnings.

AFROFUTURISME

« Il s'agit de penser aux images, aux histoires et aux perspectives que nous projetons pour les jeunes générations »

« Je crois qu'il est important que nous commencions à créer un nouveau narratif pour l'Afrique et c'est ce que ce mouvement [l'Afrofuturisme] fait. Le design est l'outil le plus puissant pour transformer l'Afrique. »

Un aperçu de l'avenir au Sénégal ?

Ces grands projets futuristes ouvrent la porte à de nouveaux imaginaires et une vision de l'avenir positive... mais restent souvent englués dans les problèmes bien humains du présent... 
Je considère que l’écrivain de science-fiction est d’abord là, non pour anticiper, mais pour décrypter le présent.